Remplir ce vase me fera-t-il manger les pissenlits par les racines ? [PV Malaika]

"Livraison !"

Si jamais il avait crû un beau jour il pourrait livrer des fleurs à sa Majesté, cela aurait sans doute dans un rêve. Jamais il n’aurait pensé qu’on vienne lui demander quelques bouquets pour la décoration du palais et vu l’état dans lequel avait été le missionnaire Abbanadrël pensait que le fleuriste officiel était soit malade, soit fermé ou dans le pire des cas qu’il aurait disparu. Quelle aubaine pour lui, il avait la chance de montrer ses capacités de fleuriste. Cela faisait un petit bout de temps qu’il trainait à la capitale afin de se trouver une éventuelle maison et un magasin fixes pour faire son bonheur. Il ne pensait pas pour autant qu’il aurait d’aussitôt une commande aussi importante. Il avait préparé ses plus beaux bouquets, ayant fait de deux sortes afin qu’il ne soit pas lassant de les observer. Bien évidemment, il s’était habillé aussi chic qu’il avait pu faire puisque le missionnaire lui avait demandé de ne pas venir dans ses vêtements habituels de crainte à ce que la terre ne salisse le sol. Chemise, cravate, pantalon simple et chaussures noires, au moins il n’avait pas à être reprochable de quoique ce soit. Quant à ses cheveux il s’était vu dans l’obligation de les laisser détacher pour qu’ils puissent cacher avec l’aide de son col les branchies qui pourraient trahir son appartenance au monde des monstres. Les gants avaient été également mis afin de camoufler les écailles sur ses mains ; après tout, il préférait ne pas dire qu’il était une créature hybride entre deux monstres surtout qu’il ne savait pas comment les domestiques de la reine des humains considéraient les créatures comme lui.

Ainsi donc fût-il parti de bon matin de sa maison de location pour rejoindre le palais afin de faire sa livraison. Bien sûr, il fut bien accueilli sinon quoi le personnel aurait donné mauvaise réputation à la maîtresse de ces lieux avant de lui confier une petite mission : celle de mettre les fleurs dans les vases. Bien sûr, ce fut comme une quête plutôt facile au départ avec les vases qui se présentaient facilement dans les couloirs mais à la fin il dû demander la permission de pouvoir entrer dans le petit salon, ce qui lui fût accordé à condition qu’il soit fouillé à la sortie de l’édifice afin de s’assurer qu’il n’avait rien voler. Ce qu’il accepta bien évidemment, après tout il n’était pas un voleur et avait la conscience tranquille.

Entrant dans la pièce, le muet constata que c’était magnifique ; c’était richement décoré sans trop l’être pour autant. Etrangement cela lui rappela l’orphelinat dans laquelle il avait été recueilli : la directrice avait laissé les enfants orner les murs ; des coquillages, des dessins, des feuilles, des peluches fabriquées par leurs petites menottes ou tentacules avaient fait office de décorer dans une pièce qui ressembla pendant plusieurs mois à un gros débarras ou plutôt à un musée des horreurs. Ce souvenir fit brièvement sourire le jeune homme qui remarqua au milieu de la pièce une table sur laquelle il y avait un vase ; sans doute était-ce celui dans lequel il devait mettre les fleurs mais en s’en approchant il avait comme une incertitude. En effet, il était assez richement décoré. Est-ce que ce vase n’était-il pas là uniquement pour la décoration ? Après tout, avec un objet dans ce genre que lui-même ne pourrait jamais se payer, peut-être devait-il servir uniquement à la décoration. Après tout, il y avait bien des gens qui possédaient des vases sans jamais pour autant les utiliser.

Abbanadrël commença alors à inspecter l’objet. Il ressentit comme un gros stress, craignant qu’on ne le prenne pour un taré ou bien de faire une erreur. Son travail devait se faire à la perfection. Il risquait après tout sa réputation s’il faisait une bêtise chez sa Majesté. Il hésita un bref moment à prendre l’objet pour inspecter s’il eut autrefois de l’eau dans le vase mais il craignit que soudainement une alarme s’allume au moment-même où il poserait ses mains dessus. Il regarda le bouquet de fleurs en faisant la moue puis jaugea le risque de faire une erreur. S’il mettait le bouquet dans le vase, est-ce qu’il sera envoyé en prison ? Telle était la question…

"Pas de bol... ou "pas de vase"."

Bon d’accord, peut-être devait-il au final mettre les fleurs dans ce vase. Après tout, personne de lui avait dit qu’il fallait en mettre dans un autre, n’est-ce pas ? Et rien qu’en observant les objets autour de lui il ne pouvait que voir comme possibilité de mettre le bouquet dans ce précieux bien qu’il examina pour découvrir comme des traces d’eau. Tout un speech pour rien. Il laissa échapper un soupire et s’apprêta à mettre les fleurs lorsqu’il entendit au loin le cri d’une femme qui semblait énervée. Qui était-ce ? Une simple servante ? Non, quand même pas, elle n’irait jamais crier dans le palais alors qu’il pouvait très bien s’y trouver la reine… La reine… Oh non. Le triton comprit aussitôt qu’il allait être dans la cata si jamais il ne finissait pas correctement son travail. Sous la panique il s’empressa de retirer le film de protection autour du bouquet pour mettre dans le vase. Il fallait qu’il se dépêche avant de croiser sa majesté. Après tout il ignorait tout de son caractère. Si d’ordinaire il était courageux là il en était autrement ; contrairement aux autres personnes il était nettement inférieure à cette humaine qui gouvernait sur l’ensemble de sa race. Si jamais il venait à être envoyé en prison pour rien ? Il s’imaginait mal demander l’autorisation de pouvoir envoyer une lettre à Frisk et lui demander de l’aide. Et s’il se faisait exécuter ? Pour un simple vase et un simple bouquet ? Non quand même pas. Certes il ne tenait pas vraiment à la vie mais il ne voulait pas non-plus mourir pour une raison aussi stupide.

Il remit les fleurs correctement, afin que l’ensemble soit totalement harmonieux. Malheureusement en voyant que le vase n’était pas au centre de la table et comme il voulait faire son travail à la perfection, il prit le précieux objet afin de le remettre correctement. Malheureusement il n’en eut pas le temps ; à peine avait-il soulevé le vase qu’une furie entre dans le petit salon, faisant sursauter Abbanadrël qui regarda la femme en pâlissant légèrement. Attendez, elle le prenait pour un voleur ? Comment se défendre ? Comment lui dire que non alors qu’il était muet ? Il secoua vivement la tête l’air de dire « Mais vous vous méprenez » par réflexe avant que le garde devant la porte ne prenne légèrement sa défense… Enfin, pour ce qui était de prendre sa défense, c’était surtout de lui annoncer qui il était rapidement avant de se cacher dans son coin. Ah bah oui, là il laissait le pauvre monstre fleuriste muet seul avec une reine en furie qui pouvait à tout instant se décider à le faire enfermer. Il se voyait déjà croupir au fond d’une cellule ; adieu pots de fleurs, vases, roses, tulipes, muguets, bonsaï, azalées et la fleuristerie. Adieu jardin, pelle, bêche, terre sur le tablier, gants, sécateurs et brouette. Il allait morfler.

Ne sachant pas comment réagir autrement il reposa au centre de la table le bouquet avant de se mettre aussitôt à genou devant la reine. Est-ce que c’était une bonne révérence ça ? Il n’en savait que trop rien. Il n’allait quand même pas aller en prison juste pour une mauvaise révérence non ? Et puis ça, ça ne montrait pas sa soumission ? Normalement si, ça devrait aller. Oui… Normalement. D’accord, peut-être qu’il devait demander un jour à Frisk un petit stage pour apprendre les eusses et coutumes de la Cour. Il se sentit mal à l’aise, ne pouvant pas répondre quelque chose à la maîtresse de ces lieux. Toutefois il se risqua de prendre dans sa poche un style et une carte de visite derrière laquelle il écrivit « N’aurai-je pas dû le mettre dans ce vase, majesté ? » avant de la tendre à la reine, regardant le sol. En espérant qu’elle comprenne son handicap.

"Parlons un peu."

Il y avait des moments où il se demandait pourquoi il voulait vraiment cette boutique fixe ; il acceptait du coup toutes les missions qu’on lui confiait à commencer par celle de livrer des bouquets au palais. En tout cas, la reine semblait se calmer, ou du moins c’était ce qu’il pensait mais malheureusement dans le pire des moments la femme de sang royal pouvait à tout instant le jeter en prison sur un malentendu et si elle ne voulait pas que celui-ci de s’ébruite. Pourquoi donc ? Il n’en savait rien mais lorsque vous êtes un monstre chez la reine des humains, que votre vie ne vaut rien comparé à la sienne et qu’elle a une réputation à tenir, vous pouvez vous imaginer tout et n’importe quoi. Lorsque la reine lui demanda de se lever et de venir s’asseoir, Abbanadrël opina de la tête docilement avant de se relever et ce fût avec le cœur lourd qu’il suivit poliment sa Majesté pour s’asseoir en face d’elle, quelque peu timide. Que lui voulait-elle ? S’excuser ? Cela l’étonnait fortement, il avait souvent ouïe dire que les aristocrates refusaient de présenter leurs excuses ? Peut-être qu’elle chercher tout simplement à communiquer avec lui pour se calmer ? Après tout elle semblait être en colère contre quelqu’un ou plusieurs personnes.

Lorsque la dame lui proposa de prendre sa tasse de thé, l’hybride de deux monstres secoua légèrement la tête avec un léger sourire -bien que gêné- en secouant la main pour refuser poliment son offre ; il s’inclina même un peu en avant afin de la remercier de cette proposition. Après tout, il ne pouvait pas accepter le thé royal et s’il était là c’était sans doute pour une bonne raison. En tout cas la question le dérangea quelque peu : en effet il ne pouvait pas répondre de vive voix faute de cordes vocales défectueuses et généralement il utilisait son Overphone pour communiquer avec les autres, or comme il était en présence de la reine des humains il ne pouvait pas se permettre de sortir un appareil électronique, ce serait fort impoli. Il jugea toutefois que jouer le singe et communiquer via des mimes n’était pas des plus polis pour autant et tandis qu’un garde s’assurait si tout se passait bien, le fleuriste prit son calepin dans lequel il notait généralement les commandes qu’on lui faisait. Il se mit aussitôt à écrire : « Veuillez m’excuser de communiquer seulement par écrit mais je suis muet de naissance. A cause de mon handicap je me suis trouvé au dépourvu lorsque vous êtes entrée. » Bon, il n’allait quand même pas préciser « avec fracas » sinon il se ferait sans doute bien crier dessus. Puis même, ça ne se faisait pas. Il tendit la feuille qu’il arracha à la reine en tremblant encore légèrement. Déjà qu’il avait honte de son handicap il se trouvait encore plus malpoli face à sa Majesté puisqu’il ne pouvait que communiquer via papier. Peut-être pouvait-il essayer de calmer la colère de la reine ? Il ne savait pas comment mais peut-être qu’il pouvait aider ces pauvres gardes à apaiser la fureur du dragon ? Hmm… Bonne idée. Il reprit une feuille de papier pour écrire de sa plus belle écriture « Je suis désolé de vous avoir surpris de par ma présence. Pardonnez-moi. » Bon, pour l’instant il allait mettre de côté la fierté de la sirène pour s’excuser quand même d’avoir tardé dans les appartements de la reine. Il tendit ce nouveau papier, quelque peu mal à l’aise.



HS : Abbanadrël n'a pas de nom de famille. Tout le monde a "Pondere" sous son pseudo. XD

"On retrouve le sens des affaires."

Il commençait peu à peu à reprendre une respiration normale ou du moins presque ; il avait veau savoir qu’il ne craignait plus rien, qu’il avait faire comprendre qu’il n’était pas un voleur que l’idée d’être avec la reine le stressait encore un peu. Il avait presque l’impression de passer l’entretien d’embauche de sa vie, celle qui lui assurerait un CDI dans une prestigieuse entreprise tellement il avait le souffle coupé et qu’il angoissait. Bon, cela devrait bien aller. La reine semblait avoir été mise en colère pour x raison mais elle ne devait pas pour autant se dire qu’elle se servirait d’un simple fleuriste comme défouloir. Et heureusement, d’ailleurs, elle entreprit même de lui assurer que les bouquets étaient beaux, cela flatta même le jeune homme. Autant il n’appréciait bien qu’on lui complimente le physique mais il en était autrement pour ses fleurs. Et oui, il travaillait tellement d’arrache-pied pour fournir aux clients les plus belles plantes en prenant bien soin de ses rosiers qu’un tel compliment rendait facilement ses joues toute roses. Oh oui, ça le ravissait, ça lui donnait même du baume au cœur qu’il en oubliait presque que quelques minutes avant il manquait de se faire envoyer en prison. Il tenta de retenir un léger sourire avec du mal avant d’opiner de la tête afin de lui faire comprendre qu’il la remerciait. Sans doute apprendre la langue des signes serait une bonne idée un jour ou l’autre car après tout, il pouvait toujours penser que si jamais il venait à avoir une mésaventure dans ce genre à nouveau, il pourrait espérer qu’il y ait un interprète.

Lorsque la reine parla des vases, cela surprit le jeune fleuriste qui s’imaginait qu’une reine ne pouvait qu’apprécier les objets de grandes valeurs, plaqués or et ornés de pierres précieuses. Oh, après tout, il ne pouvait pas la juger, n’est-ce pas ? Dire qu’il n’appréciait pas qu’on juge autrui pour son apparence ou bien son statut social, voilà qu’il faisait à présent qu’il stéréotypait la reine des Humains. Le jeune monstre opina de la tête et reprit son parchemin pour marquer « je vends plusieurs types de vases. Tout dépend ce que vous souhaitez. » Il tendit la feuille à sa majesté la reine en se demandant quand même si c’était poli ou non de faire du commerce directement auprès de celle qui gouvernait les Hommes. Mais soit, elle lui avait demandé s’il en vendait et sans doute s’intéressait-elle à sa marchandise. Il reprit à nouveau un papier pour marquer «Si vous en voulez, je peux vous en apporter mais ils ne seront pas aussi luxueux que les vôtres. Cherchez-vos quelque chose en particulier ?» Autant la prévenir quand même car lui ne vendait que de simples vases.