Attention on fait les courses!!

"Il faut sauver Jimy ! »

Décidément, les courses étaient toujours pour Mike une folle aventure. Si quelqu’un d’ordinaire entrait dans la boutique, mettait des articles dans son panier pour les payer puis s’en aller, il en était toujours autrement pour notre policier. Malheureusement crime sévissait toujours dans les supermarchés ou même ailleurs et par pure manie, le capitaine de police veillait toujours à ce qu’il n’y ait aucun voleur. Plusieurs il avait même piqué le boulot des gardiens de sécurité en reprenant quelques voleurs et même racailles qui venaient faire leur loi entre les rayons. Il avait même surpris une fois des adolescents renverser tous les produits sur les linéaires dans l’unique but de casser les pots de verre et en mettre de partout car « cela aurait été rigolo de voir une mamie glisser et se faire mal sur le carrelage ». Des fois, voire même souvent il devait l’avouer, le policier était pour la peine de mort.

Cette fois-ci il espérait qu’il n’ait pas à trouver un nouvel abruti à réprimander ; il n’en avait pas envie du tout. Il savait toutefois qu’à cause de sa grande taille on allait lui demander de récupérer un article quelconque sur le linéaire le plus haut. Heureusement qu’il aimait aider les autres sinon quoi il serait fort malheureux dans son travail et que sa vie ne se résumerait qu’à rester auprès de ses collègues ou de ses frères. D’ailleurs, il venait tout juste de quitter son travail et avait dû pour ne pas être insulté de tous les noms gratuitement changer ses vêtements pour arborer l’air d’un simple citoyen. Malgré le fait qu’il était en civil, il attirait quand même le regard des gens ; qui ne remarquerait pas une armoire à glace de presque deux mètres vêtu assez classe, limite en costard-cravate ? Il avait même attaché ses cheveux en une natte pour avoir l’air plus sympathique mais son air d’ours bleu meurtrier ne donnait envie à personne de venir l’accoster.

Les courses devaient se faire normalement rapidement ; des légumes surgelés, de la viande, du poisson et aussi des plats déjà préparés pour les fois où il aurait la paresse de cuisiner son plat pour en ramener un Tupperware le lendemain au travail mais également une bouteille d’eau… Vu qu’il prenait toujours les mêmes choses, cela aurait dû se faire rapidement, mais non… il a fallu que le magasin change les rayons afin de faire faire des achats impulsifs aux consommateurs. Vive la société de consommation… Mais heureusement pour lui, il avait trop de volonté pour se permettre d’autres achats. Après tout, il avait tout ce qu’il souhaitait non ? Il avait suffisamment de vêtements, les jeux de société ne lui servaient à rien, il n’avait pas le temps pour des jeux vidéo… Peut-être devait-il se racheter un stylo-plume mais pour cela il irait dans une papeterie pour éviter d’en acheter un certes pas cher mais qui ne ferait même pas les trois mois à venir, prenant le risque de plus est de salir son uniforme. Car oui, au vu de l’importance qu’avait le travail aux yeux du policier, l’uniforme devait toujours rester intact.

Alors qu’il passait les rayons en trouvant facilement ce qu’il souhaitait -car malgré les changements qu’il y avait dans les supermarchés, on voit toujours qu’il y a la même logique avec tout ce qui est alimentaire dans la deuxième partie du magasin, Mike remarqua une bande de petits jeunes qui semblaient suivre un homme aux cheveux blancs. Que voulaient-ils ? Le voler ? S’en approchant avec son panier, il remarqua que l’un d’eux tenta non de substituer le porte feuille de monsieur mais plutôt de lui ajouter un article dans sa poche. Peut-être pour s’amuser de le voir chercher à s’expliquer auprès du vigil. Le policier s’approcha rapidement de la bande d’abrutis et de leur victime pour s’éclaircir la gorge le plus fort possible afin que l’homme puisse remarquer sa présence mais aussi celle des adolescents au visage boutonneux.

« Puis-je savoir pourquoi vous cherchez à glisser dans la poche de Monsieur des écouteurs appartenant encore au magasin ? »

Bien sûr, son regard était dur et c’était fait exprès ; dominant en plus la marmaille par sa taille, il leur faisait peur. Jamais il n’irait emmener ces enfants au poste de police puisqu’au final ils n’avaient pas fini de commettre leur larcin mais il était sûr et certain que croiser une armoire à glace les ferait assez paniquer pour qu’ils craignent par la suite de tomber sur pire que lui. L’ahuri avec l’article en main baissa les yeux.

« Mais… Mais on allait rien faire m’ssieur…
-On dit « monsieur » et non « m’ssieur » quand on a un minimum d’éducation. Tu as été élevé par ta mère ou par des otaries ? Même elles seraient mieux élevées que toi. »

Les amis du chenapan se mirent à rire comme des nouilles. Oh oui, il sentait l’intelligence dans le regard et même le rire de ces petits voyous ; s’ils eurent voulu voler un Bescherelle ou un dictionnaire peut-être que Mike les aurait laissé faire. En tout cas, il reporta son regard sur la victime.

« Capitaine Wikerson, monsieur. Puis-je vous demander si vous connaissez ces individus ?
-Attends, vous êtes capitaine d’un bateau ? »

Non, nooon ! Mais il fallait les achever ces pauvres bêtes. Est-ce que c’était humain de les laisser ainsi en vie avec leur bêtise ? En tout cas il remarqua bien vite le regard d’un viril au loin qui avait entendu sa voix. Oh, et bien la marmaille allait s’amuser tôt ou tard.

« Capitaine de police et restez ici jusqu’à ce que j’aie la réponse de Monsieur. »

"Expliquons la situation. »

Décidément, la victime semblait avoir été plongé dans ses pensées pour qu’il se soit laissé facilement avoir par ces garnements. Mike tira une tronche, celle qui voulait tout dire, celle d’un prof qui retient un soupir en voyant un élève dormir lors d’un cour très important et qui demandera après le contrôle qu’il n’avait pas compris les leçons. Oui, cette même tête de gros blasé qui sentait qu’il allait devoir se répéter et surtout faire comprendre la situation à ce pauvre homme pour ensuite lui faire la morale en quoi qu’il fallait faire attention dans les magasins et même partout ailleurs, comme il le faisait quotidiennement à des femmes se plaignant d’avoir été agressées pendant la nuit alors qu’elles empruntaient seules des rues mal fréquentées ou à des personnes âgées qui ne comprenaient pas qu’un enfant mendiant tout seul était généralement un leurre pour se faire taxer le porte feuilles. Le policier laissa échapper un soupir en regardant l’homme en face de lui pour lui expliquer la situation ;

« Ces jeunes hommes vous ont suivi pour tenter de glisser dans vos poches des écouteurs. Sans doute auriez-vous sonné à la sortie du magasin et vous aurait-on accusé de vol.
-Mais ce n’est pas vrai ! »

Le capitaine jeta un regard limite assassin à l’adolescent qui baissa les yeux. Le pire était que ce genre de morveux était mineurs et qu’on ne pouvait en aucun cas les maintenir en garde-à-vue. Non, les enfants et adolescents étaient coconnés, choyés et on leur laissait pratiquement le droit de tout faire. Les parents s’indignaient quand on arrêtait leurs progénitures pour les emmener jusqu’au commissariat en les attendant et même parfois qu’on les ait plaqués au sol alors qu’ils tentaient de frapper un policier avec une arme. Généralement, ces genres de parents avaient la fâcheuse manie de se plaindre ensuite de la recrudescence de la délinquance juvénile qui commençait de plus en plus tôt et que la police et justice ne faisaient rien contre cela. Il regarda à nouveau le client aux cheveux blancs.

« Pour avoir menti, je pense que je vais les laisser auprès du monsieur de la sécurité qui nous regarde là-bas. Il me connait très bien, je m’occupe souvent de faire le nettoyage à sa place. Je pense que s’ils voulaient vous faire une blague très douteuse pour mentir, je pense qu’ils ont pu commettre d’autres larcins.
-Mais ce n’est pas vrai ! C’est du… euh… de la discrimination !
-Ne me prends pas pour un bleu, tu es humain et ta veste porte encore l’étiquette du magasin. Il se peut même que j’appelle mes collègues juste pour vous emmener au commissariat. Vous allez vous amuser, vous allez voir. »

Il reporta à nouveau son regard sur le client, tenant fermement par l’épaule celui qui voulait filer à l’anglaise afin de l’obliger à rester auprès d’eux.

« Souhaitez-vous leur dire quelque chose à ces garnements avant de les laisser au gardien de sécurité ? »

Après quoi, il sera dans l’obligation de prendre témoignage de cet homme si ces garnements avaient déjà été repérés ailleurs et avaient commis plusieurs autres crimes ; alors cela ajouterait des pages dans leur dossier judiciaire. En tout cas, ne faisant pas dans la dentelle, Mike entreprit de faire retirer de force la veste volée au gamin, sous les râles de celui-ci qu’il ignora parfaitement. En tant que policier il n’avait pas le droit normalement, mais vu qu’il n’était pas en service et était actuellement un simple civil quelconque, il pouvait se permettre de faire cela. Et puis au pire, tant pis ; si on venait à le dénoncer à ses supérieurs, ça n’allait pas être un geste aussi futile que celui-ci qui allait briser sa carrière.