Toute la haine qui m'incarne [Terminé]

Le pas titanesque de la silhouette lourde de Noa raisonnaient dans les rues avec une raideur métallique. Son allure de gargouille le rendait à propos dans les rues vieillissantes et grisonnantes de la ville. Les grandes artères aux nombreux commerces négligés s’entre-croisaient de routes veineuses sombres et  déjetées et il trouvait en leurs seins un sentiment d’appartenance malade. La soirée tombait à peine mais ces petites ruelles étaient déjà pleines de noirceur, une noirceur qui ne les quittaient jamais. Sur sa gueule carrée se voyaient les vestiges de ses activités nocturnes, où violet, bleu et jaune se battaient pour occuper l’espace de cette toile peu inspirée.

En cette fin de soirée, donc, il se dirigeait vers le centre de la vieille ville en évitant les grands boulevard ou les moyens de transports, profitant de la fraîcheur des pavés salis . Un combat l’y attendait, un squatte temporaire aussi et peut-être un peu d’argent dans sa quête. Sur les écrans cathodiques des  vitrines poussiéreuses il voyait parfois un visage politique passer mais il n’y prêtait pas attention, son esprit n’enregistrant pas l’information. Rien dans l’avenir de cette ville ne l’intéressait car rien ne changerait pour les chiens galeux comme lui, à sa grande satisfaction. Il voulait goûter le sang et la douleur de ses adversaires, sentir les chairs se déchirer sous sa poigne dans un espace où seule la violence comptait. L’adrénaline était un moteur qu’il ne pouvait retrouver dans les échanges hypocrites des femmes et hommes du grand monde, plus que l’indifférer, cette absence de survivance le dégouttait. En conséquence, il oubliait les couvertures de journaux, les flash info ou encore les nouvelles des radios, quand bien même elles se jetaient sur lui. Alors il ne fut pas étonnant que quand il croisa l’ambassadeur.drice, il ne la calcula même pas, ignorant tout de sa personne. Et son corps massif ne se décala pas, trop habitué faire ployer l’environnement autour de lui par sa simple stature.

(musique)

Il y a des jours plus difficile que d’autres. Des jours où tu n’as juste pas envie. Envie de jouer le jeu, de jouer ce rôle si plat et fade qu’il ne sait rien faire, hormis l’absence de vague. Tu n’aime pas ces jours. Ces jours où je rampe sous ta peau, si près de ta consciencieuse que tu en viens à ne plus savoir faire la distinction entre tes pensées et mes suggestions. Les risques d’être parasité dirons nous. Les risques d’être accro aux mauvaises chose, je pense.

Ces jours là tu préfères toujours t’éloigner de tout. Tu ne veux pas faire de peine à ta mère que tu aimes tant, en l’inquiétant avec ce qu’elle prend par erreur pour une crise d’adolescence tardive. Tu ne veux pas non plus voir tes amis te regarder avec cette incompréhension latente dans les yeux, que tu prends parfois pour de la pitié. Tu veux juste être seul.e, avec ce qu’il y a de plus noir en toi, et contre quoi tu te bats constamment, essayant, en vain, d’être une bonne personne.
Frisk, quand est-ce que tu comprendras que ce combat était perdu avant même que tu le commences ?

Perdu dans tes horreurs, tu ne remarques qu’une fois que tu l’as heurté, l’immense silhouette qui te fait face, et qui te fait légèrement perdre l’équilibre alors que vos chemins se croisent. Heureusement que le mur te rattrape, bien malgré lui, tandis que tu y appuis tes mains trop lisses, pour ne pas finir sur le sol crasseux de cette rue bien trop mal famée pour les enfants comme toi.

« Hey, tu peux pas regarder où tu vas ? »

C’est toi qui ne regardais pas, Frisk, mais tu t’en fous. Ta voix est pleine d’une amertume et d’une aigreur qui ne cache rien de ton humeur, alors que tu lèves la tête, puis les yeux, à la recherche du visage de la montagne qui te fait face.
L’orage gronde.

Ca n’était rien de plus qu’un effleurement, pas de quoi le faire vaciller contrairement à la carcasse qui s’était fracassée contre lui. Comme un bateau s’échouant sur un rocher, rien ne ferait ployer le géant minéral, il en était de même ici. Mais alors quel outrage avait commit ce petit voilier si loin de son port qu’il en avait oublié comment naviguer ? Le bon sens aurait voulu qu’il n’y est pas de mal, mais la montagne était loin d’être un havre stable et solide sur ses bases. Constamment en train de lutter, l’agression réveilla en Noa la fureur qui ne dormait jamais vraiment en son sein. Sans tarder, il agrippa le bras fragile de la jeune personne qui l’avait bousculé, d’une main blessante et sans pitié. Il aboya pour regagner une fierté qu’il ne voulait pas perdre, si seulement il l’avait un jour possédé.

« -Je pense que tu n’as pas compris ta position. Tu devrais courber l’échine et passer ton chemin sans un mot plus haut que l’autre, humaine. » Sa voix était sourde, grave, on pouvait même dire dramatique. Son corps, sans être en position d’attaque était déjà tendu, signe de son instabilité face au simple dédain d’un.e jeune humain.e

Il arracha sa main de la chair marqué de l’adolescent.e et sûr de sa prise de conscience, il la toisa encore quelques secondes pour faire disparaître l’arrogance de ses yeux. Ses pupilles sombres ne décrochaient pas du visage trop lisse d’une humanité qu’il exécrait et s'extirper de son regard fut une prouesse. Noa fit rouler ses épaules et décida de passer son chemin, acceptant le silence, même arrogant, comme une réponse acceptable. Comme la marque de sa victoire. Alors d’un mouvement d’épaule il s’apprêta à lui faire dos.

Ses mots réveillent quelques chose qu’il aurait mieux fallut laisser dormir au fond de toi, un regain de fierté, un reste d’envie, un tu ne sais quoi qui te pousse à le regarder droit dans les yeux, alors que sa poigne te meurtrier, te blesse, t’obligeant à serrer les dents tant la différence entre vos deux carrures lui permettrait de briser nos os sans un effort. Il est puissant, fort, et il pense que de par ce fait, il a tous les droits sur nous. Il se pense supérieur, mais il n’en est rien. Nous leur somme à tous supérieur, humain, monstre, hybride. S’ils savaient, s’ils savaient ! Cette abomination ne sait pas où est sa place, Frisk, mais je peux lui montrer, tu sais…

Ou montre lui toi-même, si tu le souhaites…

Vous vous regardez comme deux animaux cherchant à imposer sa rage à l’autre, à se montrer le plus menaçant des deux. Il gagne, sans l’ombre d’un doute, mais voilà bien longtemps que tu as cessé d’avoir peur des bêtes et des monstres. Tu sais que les pires horreurs sont souvent caché par d’innocentes apparence

Tu serres les dents jusqu’à en avoir mal à la mâchoire, tant la colère crispe ton corps, alors que tu essaies, en vain, de faire preuve de raison, humilié.e par ses paroles. Tu ne dois pas le faire, quelque chose en toi s’en rappelle, même si tu ne sais plus exactement pourquoi. Tu ne dois pas chercher le conflit en répondant, tu le sais, tu dois rester dans les clous que tu as toi-même planté. Mais pourquoi faire, Frisk ? Même toi tu n’en sais plus rien, à l’instant où tu lui craches au visage, dans un geste de pure révolte, de pur défi.
J’aime ta façon de faire Frisk, plus instinctive que la mienne, mais tout aussi acceptable.

Allez misérable créature, donne à mon partenaire la raison qu’il lui manque pour laisser une nouvelle fois la musique nous emporter…

La salive coula le long de sa joue qui était bien une 30 aine de centimètre au dessus du visage de l’adolescent.e, formant des goûtes translucides et collantes. Et là dans les yeux de l’hybride, une lumière vrilla, s’allumant avant de complètement disparaître, complètement explosé comme l’était sa raison. Dans cette rue il n’y avait pas une âme qui semblait vivre à part leurs deux forces s’opposant. Devant ses yeux il n’y avait qu’une tâche rouge sur fond noir, qu’une silhouette indescriptible lisible à travers le filtre de la fureur. Facile à détruire. Et c’est sur les vestiges ancien de sa stabilité brisé que se briserait son opposant.

La scène se rejoua, les yeux face à lui lui imposaient leurs insoumissions, leur chaleur dissidente et les lèvres s’ourlèrent pour préparer leur affront avant que le gamin ne crache sa stupide arrogance à son visage. Et en un éclair le bras de l’hybride se déploya comme un montre mécanique, s’abattant sur sa tête malingre pour la fracasser contre le mur de crépit usé. Sa poigne ne desserra pas de son visage humide et il recommença à trois reprises. Ce fut comme un des flash de noir et de rouge. Noir quand la ruelle était sombre et soudain rouge quand la boite crânienne s’ouvrait sur le mur éclaboussé. Noir, rouge, noir, rouge, noir et rouge. Et tout semblaient plus mous entre ses doigts tremblants, l’amenant à lâcher ce qu’il tenait dans sa poigne de prédateur. Il recula, laissant ses bras retomber et ses yeux toiser son œuvre. Mais ça n’avait rien de satisfaisant. L’adolescente n’était pas une combattante et encore moins une adversaire, ce n’était qu’un dégât collatéral qu’il arborait et exécrerait parmi tant d’autres. Pas de mérite, pas de gloire.

Recharge.

La douleur disparaît à l’instant même où le temps revient, et nous ramène quelques heures avant cette rencontre qui, manifestement, venait de très mal finir. A vrai dire, tu te souviens des premiers instants, des premiers coups, d’un paysage flou alors que ta tête va cogner contre un mur et… Plus rien. Un vague souvenir reste, un souvenir que tu dois forcer à rester, car ton corps, n’ayant jamais réellement subit cette douleur, ne retrouve pas les donnés que tu cherches à lui communiquer, et qui rentre en contradiction avec ton cerveau, faisant apparaître les débuts d’une migraine légère, que tu ignores avec l’habitude.

Tu exaltes Frisk. Il t’a vaincu avec la facilité d’un géant écrasant une mouche. Qu’attends-tu pour y retourner ? Tu sais que tu ne devrais pas le faire. La raison te pousserait à ne pas y retourner. Mais tu n’as pas envie d’être raisonnable aujourd’hui… C’est bien.

Leurs heures défilent, se dévorent, alors que tu refais les mêmes actes, pressé mais prudent, prenant soin de ne rien changer, de peur que cela vienne à avoir des répercutions. Tu veux le revoir. Tu veux le refaire. Tu veux le vaincre.

Vingt minutes. Tu as ramené de quoi jouer, cette fois. Tu le poses au coin de la poubelles, à quelques pas de l’endroit où cela arrive. Tu pourrais jouer à main nue, c’est vrai, mais la difficulté est déjà bien assez élevé, peut-être vers la fin, nous verrons.

Dix minutes. Cette fois tu sauvegardes à quelques rues de ton lieu de décès. La mort ne t’affecte pas, voilà bien longtemps qu’elle n’est plus rien qu’un état transitoire que tu balais d’un revers de la main, autant que les souvenirs de souffrances allant avec. Des détails.
Deux minutes. Tu comptes, le timing te semble bon, c’est à cette heure que cela a eu lieu, tu le sais. Tu ne saurais l’expliquer, mais tu te repères instinctivement dans le temps, mais différemment des autres, car les choses comme le passé et le futur te semblent très confus, désormais.

Le voilà, allons-y.
Bousculade.
Menace.
Cracha.
Plus vite Frisk.
De nouveau une main qui vient, mais cette fois tu l’esquives.

La partie reprend.

La scène se rejoua, les yeux face à lui lui imposaient leurs insoumissions, leur chaleur dissidente et les lèvres s’ourlèrent pour préparer leur affront avant que le gamin ne crache sa stupide arrogance à son visage. Et en un éclair le bras de l’hybride se déploya comme un montre mécanique, s’abattant là où sa tête malingre aurait dû se trouver pour se fracasser contre le mur de crépit usé. Il feula de douleur et se redressa, sentant la chaleur agréable de l’adrénaline courir dans ses veines enfiévrées. Ses doigts abîmés se replièrent et il adopta une posture plus combattante et ses yeux avides attendait le prochain coup du gamin avec excitation. Si emporté dans le besoin de bataille qu’il en oubliait le ridicule de leur différence de poids et de taille avec une facilité déconcertante. Bien sûr sa déception fut bien lourde quand le corps n’esquiva pas les prochains coup et que ses deux pouces aiguisés s’enfoncèrent sans peines dans les orbites de son adversaire, explosant le corps vitrés de ses globes oculaires.

Un soupire agacé ne put être retenu alors qu’il arrachait son emprise des tempes de l’enfant et il faillit partir sans se retourner mais prit d’un dernier élan de miséricorde il l’étrangla de ses deux mains puissantes.


Ses doigts abîmés se replièrent et il adopta une posture plus combattante et ses yeux avides attendait le prochain coup du gamin avec excitation. Si emporté dans le besoin de bataille qu’il en oubliait le ridicule de leur différence de poids et de taille avec une facilité déconcertante. Et il apprécia la valse qui débuta où sa bestialité déchaînée se heurtait à l’insaisissable grâce de l’adolescent.e. C’était comme si iel devinait ses mouvements sous son visage poupon, comme si un esprit guidait ses pas, guidait ses maigres muscles vers l’esquive la plus favorable. Quand ses dents finirent par se planter dans la nuque pale de son opposant, il sentit avec plaisir le sang parsemer les lames effilées de sa mâchoire avant d’emplir sa bouche. La voir se vider de son sang était une issue agréable à un combat intéressant.

Il est fort. Très fort. Entraîné, vif, puissant. Il est tout ce que tu n'es pas. Il te détruit à plat de couture. Encore, encore, et encore. Tu t'écrases sous ses mains, tu suffoques sous ses doigts, tu exploses sous ses pieds. Il est plus fort que tu ne le seras jamais, plus imposant que tu ne l'a jamais été, et aussi meurtrier que toi, fut un temps.

Le combattre est difficile, ardu même, mais c'est ce que tu aimes hein ? Tu as toujours été ainsi. Tu aimes combattre pour vaincre, pour gagner, mais aussi pour le challenge que cela représente. Tu adores cela, cette adrénaline qui te suit à travers tes différents essaies, qui te suit après chaque mort dont tu balais la douleur d'un revers de la main, comme un détail sans importance. Si moi je combats pour atteindre mon but, toi, tu ne le fais que pour t'amuser... Que de nous est le pire, hum ?

Ton téléphone sonne, encore. Inutile de tourner le regard vers ce dernier, tu sais parfaitement qui t'appelle, comme à chaque recharges depuis quelques essaies, déjà. Au début, il y a de cela trois ou quatre essaies, tu as eu un bref élan de culpabilité... Puis tu t'en es déchargé, trouvant des excuses. Tu t'es dis que tu trouverais bien un truc à raconter, une histoire à inventer. Quelques chose pour qu'il te pardonne tes égarements, une fois encore, tandis que tu éviterais soigneusement son regard.
Et puis, ce qu'il ne sait pas ne peut pas lui faire de mal, n'est-ce pas ?

On y retourne Frisk.

Bousculade. Menace. Cracha. Sa main sur la droite. L'esquive sur l'arrière. Ses doigts contre tes yeux. L'esquive sur le coté. Ruade sur l'avant. Esquive sur l'arrière. Mauvaise idée Frisk. Ses mains te bloquent en un instant, et ses crocs déchirent ta jugulaire. Ton souffle se coupe, une chaleur moite se repend sur tes vêtements, tandis qu'une douleur atroce persiste, quelques instants. Ne t'en fais pas, encore quelque secondes et....

Recharge.

Bousculade. Menace. Cracha. La main contre ta tête. L'esquive sur l'arrière. Ses doigts contre tes yeux. L'esquive sur le coté. Ruade sur l'avant. Esquive sur le coté. Tu y es, enfin à porté de cette poubelle où tu as caché ton jouet. Un jouet qui se retournera probablement quelques fois contre toi, mais tu t'en fiches, tu veux que ça continue. Tu l'attrapes, sortant une barre de métal récupéré illégalement sur un terrain en construction, à quelques quartiers de là. Tu sais très bien ce que tu fais, hein? Tu donnes ton premier coup. C'est à peine s'il semble lui faire quelque chose. Il va falloir trouver où frapper, Frisk. En attendant, le voilà qui fond sur toi... Prépare toi, cela ne durera que quelques instants...

Recharge.

C’était comme si iel devinait ses mouvements sous son visage poupon, comme si un esprit guidait ses pas, guidait ses maigres muscles vers l’esquive la plus favorable. Comme une force qui était la prolongation de son être et lui donnait les informations avant que ces informations n’aient même eu le temps de s’imprimer dans l’esprit de l’assaillant. Plus le combat durait et plus sa sauvagerie augmentait, animé par une rage enthousiasmée et la promesse d’une vraie bataille de réflexe. Quand Noa vit l’éclat dangereux du métal, ses yeux s’illuminèrent et il prit le coup sans broncher. La douleur traversa sa peau et y imprima une marque brûlante et vivifiante. Son bras était d’un rouge incandescent et sa paume s’abattit sur son visage pour le plaquer au mur. Son genoux ne cessait de s’acharner sur son estomac. Encore et encore, jusqu’à ce que le sang finisse par s’échapper des lèvres rosées du plus jeune. Il récupéra la batte de métal pour l’abattre sur la nuque du plus fin et une fois à terre il le roua de coup pour le laisser méconnaissable sur les pavés rougissant de ces outrages. Finalement il lui cracha dessus et jeta son arme près du corps avant de tourner les talons en essuyant son visage taché, les yeux brillant de plaisir.

*   *   *   Recharges   *   *   *

La douleur traversa sa peau et y imprima une marque brûlante et vivifiante. Son bras était d’un rouge incandescent et sa paume voulu s’élancer vers son visage qui encore une fois se défit de sa tentatives. Ils étaient deux possédés qui se battaient sur un terrain qui dépassaient de loin le plan purement physique. Comme deux guerriers fantômes, ils s’opposaient à un niveau spirituel que l’hybride sauvage espérait égal. Mais chaque esquive était un échec, il commençait à perdre le goût de l'émulation pour laisser place à une frustration âpre et à un sentiment d’impuissance. Alors il se jeta plus fort dans la bataille. Les esquives étaient efficaces et les coups plus précis, si bien qu’en de nombreuses reprises il vit son corps traître le trahir et vaciller.

Le brasier de sa colère n’en fut que plus ardent, l’amenant à toucher du point un état de furie qui poussa ses muscles plus loin et son corps dans des enchaînements inutilement épuisants. Chaque coup qu’il portait aurait pu, si il avait touché sa cible, assommer méchamment son adverse, mais au détriment de son endurance. Après une nouvelle attaque, il recula pour reprendre son souffle. Le corps nervé de Noa se jeta sur le jeune en courant. Il dérapa sur le côté et se laissa glisser pour lui asséner un coup de pied dans les jambes. Profitant de cette distraction, sa poigne puissante attrapa ses cheveux et il écrasa sa joue rose contre le crépit avant de la traîner tout le  long du mur pour écorcher sa peau dans son chemin. Puis l’hybride lui écrasa les dents sur le trottoir près de la bouche d’égout avant d’écraser sa nuque encore et encore de son pied pour la briser.

Quand son adversaire cessa de respirer, il mit ses deux mains sur ses genoux le souffle rauque et la respiration difficile.

Et on recommence on reprend. Comme un chorégraphie apprise par cœur. Comme des pas répétés trop de fois. A combien êtes vous, déjà ? Plus d'une trentaine, moins d'une quarantaine, c'est tout ce que tu saurais en dire. Mais nous nous approchons du but, Frisk, regarde, vois. Il commence à montrer des signes d'épuisement. Tu peux l'avoir. Lui, puis tous les autres.

Toi aussi tu souffles, mais tu arrives à minimiser tes dépenses, sachant te préserver dans l'attente du bon moment, car tu sais où tu vas, alors qu'il se lance corps et arme dans la bataille, qu'il ne lésine pas sur les efforts, certain que cela finira par payer. Certain qu'il finira par gagner, ignorant tout des tricheries qui te rendent imbattable. Inarrêtable.
Aussi fort soit-il, que peut-il face à l'inéducable ?

A chaque fois qu'il fini de t'achever, tu reviens plus fort, plus déterminé encore, galvaniser par les quelques réussites que tu grappilles, ici et là. Un coup de plus, et attaque supplémentaire que tu lui infliges de cette arme traîtresse qui t'a tué trop de fois. Tu ne peux pas l'avoir par la force, tu devras le faire à l'usure. Comme pour l’héroïne.

Sa frustration exulte, alors que ses coups, qui pourtant devraient t'atteindre sans mal, te ratent les uns après les autres. C'est ton plus grand talent, et à ce jeu tu es plus fort que moi : tu ne te contentes pas de retenir les patterns Frisk, tu le fais jusqu'à devenir une ombre, insaisissable, intouchable, pour avancer sans jamais offrir ne serait-ce qu'une prise à tes adversaires. Tu es un challenger, et cette bête n'est qu'un obstacle de plus sur ton chemin. Écrase la.

Voilà trois essaie que tu cherches le bon endroit où porter ton coup, alors que son souffle se fait difficile, erratique. On y est presque. Il te faut le faire plier Frisk. Il te faut gagner. Pas le dos, pas les cotes, ni le cou. Reste la tête. Mais pour l'atteindre, il te faut prendre de la hauteur, chose difficile, pour un être aussi peu agile que toi... Alors tu attends qu'il se baisse, tu attends qu'il cherche à t'empoigner, à te charger, une fois encore, pour t'offrir l'ouverture que tu attends. A chaque recharge, tu la guette, à chaque mort, tu l'attends... Et soudainement, la voilà.

Le coup est précis, frappant de plein fouet la tempe de l'hybride. Tu y mets toute la force, aussi maigre soit-elle, que tu lui réserve depuis le début du combat. L'adversaire chancelle, alors que ta propre respiration se faire légèrement essoufflée. Ton visage couvert d'une pellicule de sueur se tourne vers le corps désormais au sol, une lueur rougeâtre s'illuminant au fond de tes yeux alors que tu admires ton œuvres, fixant le géant que tu viens de faire chanceler, en bon David, remettant en doute sa toute puissance qu'il a voulu t'imposer.

Un sourire qui n'a rien de toi se laisse lire sur ton visage, alors que admire ton œuvre.
Finissons en Frisk... Non... Non, tu en veux toujours plus, tellement plus...
Tu lèves ton armes, mais tu ne peux t’empêcher de répliquer.

« Qui doit connaître sa position et courber l'échine, désormais, l'hybride? »

Tu veux toujours aller plus loin. Trop loin.
Tu n'apprendras jamais...

Le corps nervé de Noa se jeta sur le jeune en courant. Il dérapa sur le côté et se laissa glisser pour lui asséner un coup de pied dans les jambes mais la gamine sembla voler sans peine loin de ses attaques, ses chaussures touchant à peine sol alors qu’iel s’évaporait à peine le coup amorcé. Le temps de se relever il était trop tard. Noa tenta de parer le coup de son bras, mais à peine son esprit envoya l’ordre à son membres que la surface de métal éclatait cette demande en millier d’éclat rougissant. La puissance du choc propulsa son corps contre une benne métallique et sa deuxième tempe se fracassa contre le froid mordant de l’acier.

Sa vision s’emplit d’un voile écarlate qui coula dans sa tête comme sur sa langue. Ses deux mains prirent appuient sur le sol et l’animal tenta de se relever avant de rechuter pitoyablement, le goût de la bille prenant place sur son palais. A genoux sur le sol sale il cracha tout ce que contenait son estomac bien vide. Ca n’avait rien de glorieux ou de puissant comme défaite, c’était juste son cerveau qui s’étouffait, qui s’effondrait sous le poids du choc. Le sang glissa en deux traits lisses depuis son nez. Son regard remonta le long du jeune devant lui. De la personne qui l’avait battu avec l’aisance d’un chat jouant avec une souris. Un guerrier qui n’avait rien d’humain. Cette personne n’était pas une humaine, décida t-il au travers de la brume qui engourdissait ses sens. Aucun humain ne pouvait ainsi le défier, ainsi gagner. Il serra les dés d’or qu’il tenait dans sa poche, symbole d’un passé qu’il exécrait mais aussi d’un héritage qu’il revendiquait. D’un fantôme qu’il enviait. Il voulait tuer ce monstre, cette créature, quelle qu’elle fusse, et s’abreuver de son sang pour laver son affront. Il souhaitait gagner sa consommation à travers un duel où il l’écharperait. Mais peut-être la créature avait gagné sa victoire et lui son échec. Il était peut être le temps qu’il ne fut plus alors il ferma les yeux et accueillit la place de ses anciens.

« Qui doit connaître sa position et courber l'échine, désormais, l'hybride? »

Ses pupilles se dévoilèrent en un éclair. Il ne pouvait pas mourir d(une manière aussi honteuse. Pas devant lui. D’un mouvement brusque il enroula la chaîne d’or autour de son poignet pour l’attirer à lui avant d’aggriper l’autre poignet dans une emprise tremblante.

« Jamais devant toi, créature. Je vais te… te tuer... »

Il se débat jusqu'au bout. Jusqu'à la dernière seconde. Il est comme elle... En plus violent et sanguinaire, peut-être. Tu aurais presque envie de respecter sa force et sa puissance, si les nombreux échecs que tu avais du essuyer ne te revenaient pas en tête, te rappelant les nombreuses morts, souvent courtes mais toujours intenses, qu'il t'avait infligé. Non, à cet instant tu veux lui faire mal. Peut-être autant qu'il t'a fait mal. Peut-être un peu plus, encore.
Plus Frisk. Beaucoup plus. Toujours plus.

Ce que tu ressens à cet instant, qui te donne envie d'éclater de rire, de sourire, c'est l'ivresse de la victoire, ce petit instant où tu sens le pouvoir que tu à sur ton adversaire t’exalter. Combien du fois a-t-il pu en profiter ? Combien de fois a-t-il pu la sentir dans son être, ces derniers essaies ? Cette fois c'est à ton tour. Et la jouissance n'en est que plus parfaite qu'en le voyant à tes pieds. Cette créature c'est bien battue, mais les choses comme elles ne méritent pas de vivre, Frisk.

Ta remarque semble piquer le sursis d’orgueil qu'il lui reste, alors qu'il se débat, et de sa chaîne, t’entraîne à sa portée, t'attrapant alors le poignet d'un prise tremblante, mais ferme. Grossière erreur, il aurait mieux fait de te briser la main de suite.

Il promet de te tuer, encore, et probablement le pourrait-il le faire, une fois encore, mais qu'est-ce que cela changerait ? Au mieux, tu éviterais cette prise, et tu en finirais avant, au pire, tu prendrais encore le temps de le tourmenter quelques instants. Mais tu as assez joué, ce nouveau divertissement commence déjà à te lasser, maintenant que tu en vois les faiblesses. Ils sont tous pareils, friables, cassable. Oubliable.

Tu en veux d'autres, et que le jeu ne s’arrête jamais...

D'un coup de pied rude et bien placé, que tu lui rends avec une certaine satisfaction, tu arrives à affaiblir sa prise, te permettant de libérer juste un de tes poignet, celui qui tient ton arme, que tu lèves une nouvelle fois, une dernière fois. C'est bien Frisk. Allez, plus qu'un pas, et nous y sommes.

« Pas si je le fais avant. »

Et l'arme s'abat.

Il n'a plus assez de doigts pour faire l'addition de ses mauvaises impressions, mais elles se sont assez cumulées pour prendre forme et titiller de loin son apathie protectrice. Il serait presque amer. Frisk a joué avec le réel et il l'a ressenti dans son train-train à chaque fois. La certitude se déclenche toujours au moment où, de derrière le comptoir au bois érodé, il entend ce client pester sur le fait de ne pas encore avoir reçu sa commande - sans comprendre qu'il ne la recevrait peut-être jamais. Pas que ce soit rigolo, en fait c'est même plutôt craignos, mais le squelette est assez fatigué pour toujours avoir envie d'en rigoler sans s’embarrasser de  penser plus loin. Pas au-delà des actions à effectuer.
Sans a essayé d'appeler Frisk au début, pour mieux tomber sur son répondeur. Il a ensuite frappé aux portes de tous ses proches pour ne rien obtenir du tout. Il a fouillé tous les endroits à sa connaissance susceptibles de recevoir la visite de la.e gosse - il les connait pour avoir épié ce.tte dernier.e bien trop régulièrement.Toujours rien. C'est à cet instant précis qu'il serait bien tenté d'hausser les épaules et de considérer cette boucle comme une bonne excuse pour ne pas bosser. Mais évidemment, on blague, il ne peut pas faire ça.
Il ne voit pas une infinité d'explications au fait que Frisk relance aussi régulièrement et sur une aussi courte période - Sans a déjà été l'instigateur d'une redondance aussi saccadée, à l'époque il avait même pu compter et commenter les redites. Souvenir âpre. Mal digéré. Expédié ailleurs.
Connaissant le tempérament de l'humain.e cela ne peut être causé que par l'échec. Ou pire, par la mort. Le parallèle abîme un peu plus son humeur. Premièrement parce qu'il comprend que si l'enfant est bien impliqué.e dans un machin sans solution, iel préfère s'y acharner que simplement le contourner. Bien sûr il tempère la conclusion en se disant que, peut-être, Frisk veut venir en aide à quelqu'un. Que même si iel ne parvient pas à accepter iel veut aider. Mais le squelette ne parvient pas à s'en convaincre car cela n'expliquerait pas le téléphone éteint. Bah, peut-être plus de batterie. Mais ça commence à faire beaucoup de suppositions consciemment trop généreuse envers ses maigres espoirs.
Deuxièmement parce qu'une vague pointe d'inquiétude, toute relativisée par le fait que Frisk ne puisse jamais passer l'arme à gauche, s'accroche quand même aussi vaguement qu'indigestement à sa cage thoracique.
Troisièmement parce que Frisk et lui s'étaient promis quelque chose et que les temps récents, bien derrière eux on dirait, avaient été sympatoches depuis.

Sans avait donc tout essayé avant d'en arriver à trouver au hasard d'une déambulation. C'est toujours au dernier endroit où on cherche qu'on trouve. Heh heh.
Mais la résolution ne lui donne pas envie de plaisanter lorsqu'il apparaît.
Arrivant dans son dos il voit Frisk surplomber un inconnu salement amoché, il le.a voit brandir une arme au-dessus de quelqu'un ne représentant plus de menace. Il lit l'adrénaline, peut-être joueuse, courir le long de sa posture. Quelque chose en lui se bloque et une voix lui marmonne de ne pas espérer que l'arme ne s'abatte pas. Que les promesses ne sont jamais tenues.
Et cette voix a raison.
Il a à peine le temps d'apparaître dernière la.e gosse et de saisir son épaule pour le.a transporter avec lui, ailleurs. Ils apparaissent, alors que le geste de l'enfant termine sa course, sur les sièges du nouveau Grillby's. Comme une confrontation à une partie de leur lien, à l'accord brisé.
Les orbites du monstre se sont absentées bien ailleurs et son crâne ne s'oriente pas de côté pour constater ce qu'il sait déjà. Il n'aime pas tant que ça les confirmations et n'a, finalement, rien à en dire.
Et plus rien à faire ici. Sans un mot, il a déjà essayé de lui dire, il se dissipe avant de laisser à Frisk une chance d'expliquer ce que Sans ne veut pas entendre.

L’arme tombe à l’instant même où une main nous saisie, et qu’un sentiment désagréable te prend aux tripes. Le temps d’un battement de cils, et l’arme s’abat sur le tabouret d’un bar que tu reconnais entre mille, tout comme l’événement qui vient de se produire. Tu sais ce qu’il implique.
Tu réfléchis à toute vitesse, si vite que tes pensées s’agglutinent, s’affolent, ne réussissant à donner qu’un mot. Qu’un nom. Mais qui à lui seul te pétrifie de terreur.

Sans.

La réalité est aussi froide que le sentiment qui te transpercent, aussi percutante que tes actes qui te reviennent, aussi terrible que la peur qui tourne ton ventre, m’éloignant d’une main de fer de tes pensées, alors que tu te retournes dans un sursaut. Espérant l’inespérable. Tu essaies, dans un vain effort, de sauver ce que tu viens toi-même de briser, mais il est trop tard. Bien trop tard.

Tu n’as même pas le temps de prononcer un mot qu’il disparaît, te laissant seul.e avec tes péchés.
Ton seul allié vient de te tourner le dos Frisk, et tu sais, du plus profond de ton être, que tu es seul.e responsable de ce faire. Qu’as-tu donc fais ?

Non. Non, il faut que tu lui expliques, il faut que tu lui dises. Tu ne sais pas quoi, mais il faut le faire. Il faut que tu puisses tout sauver.
Sans attendre, paniqué.e, tu attrapes ton téléphone, ton cœur battant devenant assourdissant à tes oreilles alors que tu attends les quelques secondes, impatient.e, qu’il se rallume. Cherchant avec affolement dans ton répertoire le numéro. Son numéro. Il n’y a plus d’appel manqué. Il n’y a plus de message sans réponse.

Tu l’appelles, mais personne ne répond. Et face à l’absence de solution. Face à l’absence de tonalité, tu ne peux rien faire d’autre que raccrocher, abandonner. Tu es seul.e, de nouveau.

« Merde ! »

C’est tout ce que tu arrives à articuler, avec un sanglot frustré se bloquant au creu de la gorge, tandis que tu jettes ton téléphone contre le mur du Grillby’s, le laissant éclater au même titre que ta rage désespérée, qui te donne envie de hurler tout et n’importe quoi, plutôt que continuer à subir ce terrible silence.
Tu as tout gâché. Tu as tout détruit. A nouveau.  
Et tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même.

Ses mains étaient retombées dans la douleur du coup qui le fit lâcher la chaîne d’or. Tout était flou autour de lui et parfois, comme des coup de tambour dans le silence de la brume, un coup de douleur raisonnait dans son crâne dévasté. Ses yeux perçant aperçurent le reflet du couteau de son interlocuteur, brillant d’un éclair argenté à travers sa vision décalée. La mort n’avait rien de douce ou d’apaisante et il faillit tenter une nouvelle attaque, mais son équilibre était trop vacillant, le laissant recourber sur lui-même dans une position avilissante. Noa sentait la créature au dessus de lui le surplomber de sa puissance inconnue, de ses pouvoirs mystérieux. Sa présence était lourde pour lui. L’animal ferma les yeux et repensa à ce qu’il était. Tout ce qui le terrifiait se nichaient dans l’appréhension de ne plus être. Lui qui n’était même pas un entier, juste une possession dépossédée.

Le rien le toucha comme une bourrasque mordante. Le rien, le silence, la disparition éclair de ce guerrier. Il resta coi avant que ses poings ne se serrent contre la route, s’écaillant contre le goudron. Il ne méritait même pas la mort selon cette créature, trop pitoyable qu’il était. Son poings tapa rageusement le sol, aussi fort que le pouvait ses muscles décérébrés. L’hybride se redressa, poussant sur ses membres trop long et tremblant, avant de se diriger vers la périphérie de la ville pour s’y cacher et panser ses plaies. Ses mains le soutenaient contre le crépit des bâtiments dégarnies et dès que le goût du sang devenait trop puissant dans sa bouche, il le crachait au sol dans un mélange transparent et rosâtre. Noa entama sa traversée du parc qui menait à son squatte. Ce puissant combattant obnubilait ses pensées. Il fallait qu’il le confronte et qu’il trouve la source de sa puissance avant de le dépecer. Il fallait qu’il -une respiration plus fébrile que l’autre- le retrouve, qu’il le capture-un vomissement dans l’herbe, appuyé contre un arbre – et qu’il le fasse souffrir.

Son corps s’effondra prêt d’une cage à poule. Le lendemain il se retrouva sur un lit d’hôpital et dû être immobilisé par la sécurité dans sa fureur.