... du peuple.
Le peuple c'est un peu comme son époux. Moins elle le voit, mieux elle se porte, mais de temps en temps il lui manque alors elle se pare de ses plus beaux atours, le plus classe possible et éclatant, colle un sourire de princesse - non de reine - sur son visage peinturluré pour que ça se voie bien de loin - le maquillage, ce n'est pas de la vraie peinture - et va ensuite lui sauter au cou.
Non, à part pour le côté physique, on est plutôt dans le cas inverse. Le peuple est un amoureux transi et il a besoin de voir que oui elle est toujours vivante, que oui elle pense à eux, la preuve, et que oui elle va bien s'occuper d'eux et de leurs doléances.
Dans les faits, elle ne va s'occuper de rien du tout, puisque sa voix compte beaucoup moins que les pots de vins qu'elle distribue pour faire avancer à une allure d'escargot le pays dans le bon sens - du moins celui qu'elle estimait bon. En général, elle se servait surtout de son argent pour empêcher les plans de ses conseillers de fonctionner. C'était petit. Mais c'était ça la politique.
Aussi, la voilà dans les rues de Babylone, sur son tapis volant... enfin dans les rues d'Overtale sur son cheval blanc... non plus. C'est Taida sa jument brune. Elles se connaissent depuis la naissance du poulain. Comme elle, la jument doit se réfréner, obligée d'avancer au pas de défilé, ce trot agaçant, elle qui déteste trotter et préfère galoper à vive allure, quitte à en perdre son cavalier.
La Reine est dans la même situation. Elle agite la main, fait des signes, le sourire à pleine dents blanches. Alors qu'intérieurement c'est un tout autre dialogue qui se joue.
Si Taida percute une femme, ça fait 10 points. Un homme 20 points. Ah la poussette là-bas, 40 points ! Point bonus un enfant 100 points ! Ils courent tellement partout que c'est difficile à attraper.
En même temps, faire la potiche à se pavaner dans sa richesse c'est toujours quelque chose qu'elle déteste depuis toute petite. Mais elle se prête au jeu, car c'est le jeu de la royauté et elle y ait plongé jusqu'au cou. Elle observe les mines des personnes qui l'entourent, mais avec ce paquet de gardes qui l'entoure c'est compliqué de pouvoir avoir le moindre contact. Ordre des conseillers. Elle leur en ficherait des défilés. Un défilé de richesse voilà ce que c'était. Elle préférerait pouvoir regarder le ciel et ses nuages plutôt que faire semblant de dire bonjour à une jolie bouille à une fenêtre. Elle est trop loin !
Arrêtez-vous.
Elle descendit de sa monture et tendit le licol à un de ses gardes.
Ma reine, ce n'est pas prudent. On ne peut garantir votre sécurité.
Vint lui dire le capitaine.
C'est le risque. Je suis venu voir le peuple, pas me pavaner à l'écart. Laissez moi faire mon job, et faites le votre.
Elle dégagea son pied de l'étrier, mais ce faisant son foulard brodé s'accrocha à une boucle de la selle et s'envola librement de sa poche avant de retomber plus bas.
La Reine ne le remarqua même pas, et s'approcha de la foule. Cela ne durerait pas longtemps, elle ne voulait pas que son capitaine en fasse une syncope.